Pour un aperçu de la campagne au nord du Vietnam, l’une des destinations que j’ai préférées et que je vous recommande est Mai Chau, dans la province de Hoa Binh. Il s’agit d’une région abritant plusieurs villages encore traditionnels, mais de plus en plus prisés.
Dans cet article, je vous raconte mon expérience à Mai Chau et pourquoi j’ai aimé cet endroit. Je vous donne aussi quelques informations pour que vous puissiez y préparer votre séjour.

De Hanoï à la verdoyante vallée de Mai Chau
Nous arrivons aux alentours de Mai Chau après un long trajet en minibus depuis Hanoï. C’est l’une des choses les plus surprenantes lorsqu’on arrive au Vietnam et qu’on est habitué à l’efficacité des transports dans d’autres pays : ici, les déplacements prennent beaucoup plus de temps, surtout lorsqu’il faut traverser des montagnes. Mai Chau n’est située qu’à 150 km de Hanoi mais il faut plus de 4 heures en voiture pour y arriver.
Heureusement, nous nous arrêtons sur le chemin de temps en temps, en particulier une fois que nous avons franchi quelques cols : le chauffeur s’arrête près d’un petit marché suspendu au bord d’une falaise pour nous laisser admirer les collines en contrebas. C’est un premier contact avec le mode de vie local, encore très rural. Je peux déjà observer des fruits et des racines que je n’avais encore jamais vus. On rencontre déjà quelques habitants faisant partie de minorités Thaï (Thaï Blancs et Thaï Noirs) et H’mong du nord, qui portent encore parfois l’habit traditionnel.

Après encore une interminable heure de route (ça semble toujours plus long à la fin), nous arrivons enfin à l’endroit où nous allons séjourner – La Maison de Buoc. Pour ce voyage, je suis en famille, ce qui signifie que je suis un peu mieux lotie que lorsque je voyage toute seule. Bye bye dortoir, bonjour bungalow sur pilotis niché entre les arbres, au cœur de ce qui ressemble fortement à une mini jungle tropicale !

L’air est bien chaud et moite, et je sens déjà les moustiques me piquer les jambes (depuis que je suis arrivée au Vietnam, les moustiques me dévorent… une première, car cela ne m’était jamais arrivé dans d’autres pays !) mais j’oublie vite ce désagrément grâce aux papillons qui virevoltent partout autour de nous.
Découvrir la vie de village à Mai Chau

Après s’être confortablement installés dans un spacieux bungalow avec petite terrasse, et avoir dévoré un repas local (la route, ça creuse !), c’est l’heure de découvrir les alentours. Nous avons le choix entre prendre un vélo pour parcourir les chemins, ou se promener à pied. Mes parents préfèrent marcher, alors nous allons bon train le long de la route, admirant la campagne et cherchant des yeux des rizières. On nous a indiqué qu’on pourrait en voir partout, qu’on se dirige vers la droite ou vers la gauche.

En fait de rizières (les plus belles restent à Mu Cang Chai, à mon avis), on croise surtout beaucoup de buffles et de regards interloqués. Les locaux n’ont clairement pas l’habitude de voir des étrangers, et encore moins une fille qui porte un short (coucou, c’est moi !) marcher le long d’une route empruntée principalement par camions et motos. C’est que l’hôtel que nous avons choisi est situé très en retrait des villages les plus « fréquentés » par les touristes…
La balade nous fait traverser plusieurs petits villages où nous pouvons découvrir les échoppes locales : légumes frais d’un coté de la route, et de l’autre côté, morceaux de viande étalés sur une table avec un petit ventilateur accroché au-dessus pour chasser les mouches. Ingénieux ! On en verra partout ailleurs au Vietnam.

L’artisanat local semble être la sculpture sur bois, et les énormes souches d’arbres sont souvent conservées comme décorations que les habitants exposent devant leur maison : c’est vrai qu’elles sont impressionnantes, ces souches, avec ce qui reste des imposantes racines s’entremêlant dans un motif tortueux. Certaines souches sont transformées en bancs. Mon père adore ça. Ca va lui donner des idées pour sa propre maison, dit-il.
On croise aussi toutes sortes d’animaux, mais surtout des chiens. Plutôt agressifs, ma foi. C’est même la première fois que je me fais autant aboyer par des chiens errants. Ils ne doivent pas être habitués aux étrangers… Plus paisibles et apaisants, des petits oiseaux chantent dans des cages. Cette tradition d’oiseaux décoratifs est très vivace en Asie, et au Vietnam comme en Chine, les gens adorent observer ces jolis êtres se débattre dans des cages en bois. Oui, c’est joli, mais quand même, ces pauvres oiseaux… ne seraient-ils pas mieux à voler librement dehors ?
A la recherche des rizières en terrasses
Ce n’est qu’après avoir longuement marché que nous nous aventurons sur un chemin de traverse, et nous éloignons de la route, curieux de savoir si nous pourrons nous rapprocher et avoir une vue sur les rizières. Celles-ci sont petites et assez basses, bien moins impressionnantes que celles du parc naturel de Pu Luong, situé à quelques dizaines de kilomètres de là. Mais nous sommes contents de ce que nous trouvons, au terme d’une marche parmi les hautes herbes et les papillons.

C’est l’une des choses que j’ai appréciées le plus lors de ce séjour à Mai Chau : un moment extrêmement tranquille dans la campagne, éloignés de tout, où nous n’étions pas à la recherche du sensationnel ou du fabuleux paysage de Google images. Les rizières ne sont pas aussi impressionnantes qu’à Sapa ? Qu’à cela ne tienne, cette vie tranquille est tout aussi appréciable qu’un trek de 3 jours dans la montagne et nous permet de vraiment passer du temps ensemble. J’ai l’impression de faire l’apologie du slow travel. Peut-être bien qu’après 2 ans passés à arpenter les routes, je commence à avoir envie d’une autre façon de voyager ?
Explorer la campagne de Mai Chau à vélo
Deux jours plus tard, nous changeons de village, pour cette fois un hôtel absolument fabuleux – le Mai Chau Ecolodge. Toujours aussi reculé, si l’on compare à la ville, mais bien plus touristique, l’hôtel est le plus couru de la région. Et pour cause : le cadre de l’Ecolodge est incroyable et difficile à surpasser. Les bungalows donnent tous sur une étendue de rizières verdoyantes entourée de montagnes. On peut y observer la récolte de riz.

Le jardin de l’hôtel lui-même est un magnifique parc et une réserve abondante de faune et de flore locale. On pourrait passer des heures à se balader dans le jardin à regarder les papillons (encore eux, mais ils sont si beaux !) et les fleurs. D’ailleurs en fait, c’est ce qu’on a fait.
Bien qu’il soit tentant de rester à l’hôtel, dans son écrin tropical si agréable, nous prenons cette fois-ci des bicyclettes pour explorer la campagne environnante. C’est plus plat et moins montagneux que dans le village précédent, la balade sera donc rapide et facile. Petite précision : je tiens à dire qu’il est possible de faire de la randonnée et des activités bien plus physiques que pédaler sur du plat à Mai Chau. J’ai croisé plein de voyageurs qui ont découvert les sentiers dans les montagnes, mais cette fois-ci, ce n’était pas mon type de voyage. Autant vous dire que je ne me suis pas trop fatiguée, d’un village à l’autre à regarder les buffles et acheter des pantalons de touristes pour beaucoup trop cher (indice : si vous voulez des pantalons de touristes, achetez-les dans le Vieux Quartier à Hanoi, et pas dans les villages de Mai Chau).

Autour de l’Ecolodge, nous les trouvons, les paysages de rizières ! Nous y étions au moment de la récolte de riz. Il y avait donc beaucoup d’activités dans les champs, et nous avons pu assister à de nombreuses « scènes typiques », comme disent les touristes. Une jeune fille à l’hôtel nous expliquait qu’elle travaillait à aider sa famille dans les rizières lors de son unique jour de congé de la semaine. Il faut dire qu’au Vietnam, les femmes travaillent très dur. On les voit bien plus actives que les hommes d’ailleurs !
La meilleure période pour admirer les rizières à Mai Chau, pour la 2ème récolte de riz, va d’août à octobre : c’est la fin de la récolte au moment où nous y sommes, ce qui nous permet d’admirer toute un mosaïque de couleurs sur le canevas des rizières.



Manger local à Mai Chau
Evidemment, je ne peux pas vous laisser sans vous parler des spécialités que vous pourrez goûter dans la région de Mai Chau ! Si vous séjournez chez l’habitant ou dans des hôtels reculer qui servent à manger (on n’a souvent pas le choix), vous aurez droit à une cuisine rurale, voire rustique, et très familiale.

Les nems frits sont très courants (même si la façon de rouler est légèrement différente de ceux de Hanoï), tout comme les rouleaux de bœuf dans des feuilles de bétel (bo la lot). On trouvera aussi du poisson grillé. Tout cela sera servi avec des légumes, souvent des « morning glory » sautés ou de la soupe préparée avec des ce qu’on trouve sur les marchés locaux.

Au-delà de ces repas très familiaux, l’une des spécialités de la région est le riz gluant. On le prépare de plusieurs manières : le « com lam », riz gluant cuit dans un tube de bambou, est préparé avec de l’eau de coco et de la noix de coco râpée.

Un autre plat de riz gluant s’appelle le « xôi nep nuong », riz au 5 couleurs. Le riz est cuit à la vapeur et accompagné de graines de sésames. Le plat est composé de cinq boulettes de riz de couleur différentes, chacune assaisonnée avec un fruit ou un légume particulier, lui donnant sa propre couleur. Ces cinq couleurs représentent les cinq éléments (eau, feu, terre, métal, bois).
Les pousses de bambou sont également un mets spécial de Mai Chau. Elles sont mises en « conserves » ou séchées, selon les usages, pour pouvoir ensuite être consommées dans divers plats : soupes, sautés de légumes, accompagnement de plats de viande, etc.
En termes de viande, les Muong élèvent un type de cochon particulier qui ne se nourrit que de ce qu’il trouve dans la forêt et la nature environnante. De faite, sa viande est réputée et est souvent servie comme un plat de qualité aux invités.

Vous pourrez sûrement également goûter au vin traditionnel de la région, préparé dans d’énormes jarres en céramiques, qu’on partage en buvant avec des pailles en bambou ! Tout le monde boit dans la même jarre, tour à tour. Il n’y a pas plus convivial. Il s’agit d’un vin assez sucré et très trompeur : on à l’impression de boire du jus de prune… sauf que l’effet du vin se fait rapidement sentir après coup !
Si avec tout ça, vous n’avez pas envie d’aller vous balader dans la campagne de Mai Chau, je ne sais plus ce qu’il vous faut ! En tout cas, j’en garderai toujours un excellent souvenir, une belle excursion au coeur d’une paisible nature qui m’a permis de profiter pleinement de moments de voyage en famille 🙂

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