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3 jours à Kyoto : Sous le signe des sanctuaires Shinto

Trois jours à Kyoto pour plonger dans l’âme du Japon au mois de juillet, en pleine saison des pluies mais qu’à cela ne tienne ! Entre ruelles préservées de la vieille ville, temples emblématiques, sanctuaires mystérieux et forêts de bambous : du Kiyomizu-dera à la bambouseraie d’Arashiyama, du Fushimi Inari à une soirée gourmande à Osaka, voici mon carnet de route d’un tout premier séjour découverte à Kyoto !

  1. Jour 1 : Au coeur de la vieille ville pluvieuse
  2. Jour 2 : Bambous et sanctuaires sous le soleil
  3. Jour 3 : Le jour du Dieu-Renard
  4. Au revoir Kyoto, au revoir Japon

Jour 1 à Kyoto : Au coeur de la vieille ville pluvieuse

Je suis arrivée en soirée à Kyoto, après le passage d’un typhon dans la région qui m’avait bloquée au Mont Fuji pendant une journée entière. Moins de pluie, mais de grosses rafles m’attendaient. Consciente de l’heure tardive, j’ai tout de même tenté de rejoindre le sanctuaire Yasaka, dans le parc Maruyama pour voir si les festivités du Gion Matsuri, le festival d’été le plus connu du Japon, battaient encore leur plein à cette heure. Mais les échoppes fermaient et tout le monde sortait du sanctuaire à 23:30. Je me suis tout de même baladée dans le quartier de Gion, et j’ai eu la chance de croiser une geisha qui rentrait chez elle après le travail !

Kyoto au lendemain du Gion Matsuri

Au matin (oui, c’est déjà le matin, maintenant), le typhon est passé. Aux rafales a succédé une pluie incessante, qui tombe en continu et à très grosses gouttes. Enfin à ce niveau, ce ne sont plus des gouttes, ce sont des douches. Quel dommage de devoir assister à la parade de chars du Gion Matsuri avec ce temps ! Je me demande à quoi cela va ressembler.

En yukata au lendemain du Gion Matsuri, Kyoto

En attendant, je me prépare pour le festival : ou plutôt, on me prépare. Il y a une boutique temporaire de yukata pour l’occasion à l’auberge où je séjourne, et je m’en procure un. Les vendeurs ne parlent pas très bien anglais mais adorent le fait que je viennent de France et surtout, je crois que nous sourires respectifs arrivent à communiquer entre eux. Au bout de 5 minutes d’habillage et de dextérité – la jeune femme qui m’habille connaît son métier ! – me voilà parée comme pour le festival !

Direction Sanjo-dori pour assister au défilé. En réalité, je m’aperçois vite que, contrairement à hier soir où tous les locaux portaient un yukata, hommes comme femmes, aujourd’hui, seuls les touristes en portent ! (Cela expliquent aussi pourquoi ils sont en soldes). Je comprends donc que pour le défilé, contrairement aux 3 soirées d’été qui le précèdent, on ne porte plus son yukata. Mais ça me fait tellement plaisir de me balader en ville habillée comme ça que je hausse les épaules intérieurement : comme diraient mes copines, « tant que ça te fait plaisir ! »

Char lors du Gion Matsuri Kyoto, 2015

La dame qui m’a prise en photo est très gentille et commence à m’expliquer tout un tas de choses en japonais en me montrant les chars. Je crois comprendre qu’elle me dit que normalement, ils ne sont pas couverts de plastique. Au bout d’un moment, devant mon incapacité à répondre, elle s’en va. Je suis vraiment triste de ne pas pouvoir communiquer, en fait. Je devrais apprendre le japonais en préparation du prochain voyage. Mes excuses pour la qualité médiocre des photos des chars – tous plastifiés pour protéger de la pluie – mais il était très difficile de tenir mon parapluie dans une main, mon téléphone de l’autre, et de slalomer entre les gens du public, une grande, très grande majorité de touristes, le tout chaussée de geta (sandales traditionnelles à semelles de bois).

Le vieux quartier de Higashiyama

Je n’ai jamais vu autant de pluie de ma vie. Aucune éclaircie, aucune accalmie. Et la météo ne prévoit pas d’amélioration d’ici plusieurs jours. Et pour moi, il est hors de question de me laisser faire comme ça : la meilleure solution pour partir à la découverte de Kyoto malgré ces restes de typhon, c’est d’y aller, tout en se gardant au sec. Et comment se garder au sec ? Avec un bon parapluie, un k-way canards et une bonne paire de bottes. Ainsi armée, je pars à l’assaut des sanctuaires du sud d’Higashiyama, le quartier à l’est de la rivière Kamo qui traverse Kyoto du nord au sud.

Higashiyama sous la pluie, Kyoto

Pleine de volonté, je continue ma découverte de ce quartier ancien et très joli de Kyoto. Cette ville n’a rien à voir avec Tokyo : plus petite, plus accessible, je n’ai pas besoin de prendre les transports en commun pour rallier les différents sites d’intérêt. Un peu comme dans Yanaka à Tokyo, mais dans un style vallonné, temples et sanctuaires se succèdent. Sauf qu’ils sont en fait beaucoup plus imposants : ce sont de véritables palaces pour les divinités !

Dans les ruelles traditionnelles de Kyoto

La ville monte et descend sans cesse. Et je suis toujours sous la pluie, mais toujours pleine d’entrain (surtout lorsque je vois tous les autres touristes, les seuls à être dehors par ce temps) progresser avec des baskets trempées, ou bien… en tongs. Dans le quartier de Sannenzaka / Ninenzaka, les maisons sont « à l’ancienne ».

Bouddha dans les ruelles d’Higashiyama, Kyoto

C’est un style prépondérant à Kyoto, mais beaucoup plus prononcé sur ces petites collines couvertes de bouddhas et de temples ! Petites collines prises d’assaut par les touristes, pas découragés par la pluie non plus. Conséquence économique de cette affluence de touristes : les maisons sont traditionnelles, mais elles n’abritent que des lignes et des lignes de boutiques de souvenirs. Il n’y a rien qui ne soit fait pour faire dépenser les touristes. Enfin, quelques sanctuaires se trouvent tout de même sur ma route. C’est très joli et il pleut, alors je me lasse un peu, espérant trouver refuge quelque part pour souffler un instant.

La piste des Bouddhas de Kyoto

Carte du Chemin des Bouddhas, Kyoto

Quelque chose qui me réconforte un peu : la piste des petits Bouddhas à honorer sur la route. Tout est indiqué, leurs emplacements aussi. J’en trouve quelques uns et effectue le rituel de respect. Je tombe même sur une petite ruelle où il y en a un beaucoup plus grand. Et puis j’aperçois aussi la grande statue de Kannon, à même la montagne ! Elle est très impressionnante mais je ne la vois que de loin…

Ghibli shop : Sur les traces de Totoro à Kyoto

Pour une fois, cette satisfaction de rencontre avec les divinités n’est que de courte durée… il faut dire que je commence à avoir mal aux pieds (très mal aux pieds) et des crampes à la main de devoir tenir mon parapluie. Je suis dans un aquarium tellement il pleut. C’est alors que je les vois : des figures tout à fait familières ! Incroyable, là dans cette petite allée, ce n’est pas une boutique de poterie japonaise ou éventails criards ou sacs ou kimonos ou que sais-je ! C’est un Totoro shop ! Il ne m’en fallait pas plus pour poser mon parapluie, essorer mon k-way et pénétrer dans le magasin.

Et quelle n’est pas ma joie lorsque j’aperçois cet énoooorme Totoro dans l’entrée ! Vous remarquerez qu’il est beaucoup plus gros et beaucoup plus réaliste que le précédent, rencontré à Kamakura : la piste se précise ! (Vous pouvez aussi admirer mes belles nouvelles bottes)

Avec le Totoro du Ghibli Shop de Higashiyama à Kyoto, 2015

Découvrir le Kiyomizu Dera (et un secret)

Après cette pause Totoro, je repars dans les ruelles de Kyoto. J’ouvre de nouveau mon parapluie et je grimpe les marches d’un dernier sanctuaire, sans grand espoir car aucun n’est ouvert à cause du typhon et de la pluie : c’est dommage parce que la vue doit être belle depuis le Kiyomizu-dera, l’un des temples les plus connus de Kyoto, accessible après une pente un peu ardue…

Entrée du Kiyomizu-Dera à Kyoto

Sans grand espoir, je m’éloigne des bâtiments principaux – j’emprunte un peu tous les chemins que je trouve. Et là, tout de même, en contrebas, petite surprise : plein de petites statues de Bouddhas habillées comme Jizo (ce doivent être des Jizo, mais il me semble distinguer d’autres bouddhas…?) sont installées sur un flanc de colline. C’est très joli et je passe un peu de temps à les observer.

Jardin de Jizo du Kiyomizu Dera

J’ai aussi découvert qu’il y avait une « attraction secrète » dans ce temple, qui apparemment sort de l’ordinaire et des sentiers battus. Il s’agit d’aller tourner la pierre de « Tainai-Meguri », qui se trouve dans le ventre (l’utérus) de la Boddhisattva Daizuigu Bosatsu. Cette Boddhisattva a le pouvoir de réaliser n’importe quel souhait, pourvu qu’il soit sincère. Alors oui, vous avez bien lu, pour trouver cette pierre, il faut rentrer dans son ventre, dont l’entrée se trouve près de la pagode principale. En réalité, ce n’est pas si secret que ça (évidemment, ça ne peut pas être secret puisque c’est dans le Précieux), il y a même plein de monde.

A partir de là, je suis entrée dans le ventre de la boddhisattva et je ne vais pas vous raconter ce que j’ai vraiment vu et fait jusqu’à atteindre la pierre, car si un jour vous avez l’occasion de vivre cette expérience, je ne voudrais pas la gâcher (et si vous l’avez déjà vécue vous savez de quoi je parle). Mais je veux simplement dire que c’était un cheminement vraiment mystique, mystérieux, et que lorsque j’ai finalement vu la pierre, j’ai eu envie d’éclater en pleurs.

Touche gourmande : Bazu, un salon de thé à la sortie du Kiyomizu Dera
Glace matcha de Bazu, Kyoto

En descendant de la colline sur laquelle se trouve l’un des plus célèbres temples de Kyoto, on se retrouve vite avalé par la foule des visiteurs. Bazu ne paye pas de mine, mais il est aussi difficile de le manquer car sa devanture attrayante est souvent animée par une vieille dame qui prépare les glaces matcha à emporter. Si vous venez à la belle saison, vous pourrez commander votre cornet rempli de glace agrémentée de mochi, de sirop et de pâte de haricots rouges, en fonction de votre choix, directement à l’extérieur.

La journée se termine par une déambulation dans les ruelles pour rentrer : je me laisse guider par de petites artères cachées improbables. Certaines sont tellement étroites qu’en les empruntant, j’ai presque l’impression de rentrer chez les gens… mais elles finissent par me ramener au grand ensemble de galeries commerciales couverte du marché de Nishiki, à deux pas de l’auberge. A l’abri de la pluie, je ralentis un peu.

Mais j’ai quand même hâte de me retrouver tranquille dans mon lit, au chaud (comme je n’aime pas l’ambiance de cette auberge, qui se veut « de luxe », et ressemble donc à un hôtel très anonyme qui ne favorise donc pas beaucoup les rencontres de voyageurs, je n’ai pas envie de rester dans la « salle commune ») et surtout, au sec. Là, je préparerai les prochains jours, qui promettent d’être un marathon : il me reste tant à découvrir !


Jour 2 à Kyoto : Bambous et sanctuaires sous le soleil

Aujourd’hui à Kyoto, le soleil est revenu ! De nouveau pleine d’entrain (je n’avais pas le moral au beau fixe ces dernières 24 heures), de me rendre au sud-ouest de la ville, dans les quartiers d’Arashiyama et Sagano. Ce que je veux voir là-bas ? En premier lieu la bambouseraie d’Arashiyama. C’est un sentier dans une forêt de bambous géants : c’est même la couverture de mon Précieux (mon guide Lonely Planet du Japon) ! C’est que ça doit valoir le coup d’oeil.

Kyoto au soleil, enfin !

Se balader dans la bambouseraie d’Arashiyama

Je prends donc le train, armée contre le soleil de… de rien du tout car j’ai déjà fait envoyer mon bagage à l’aéroport de Tokyo Narita : il m’attendra sagement près des comptoirs d’enregistrement le jour du départ. Et j’ai évidemment mis mon chapeau dedans, pensant qu’on aurait de la pluie jusqu’à la fin de mon séjour. Mais les dieux en ont décidé autrement, et ma première étape consiste à me chercher… une casquette ! C’est ainsi que je tombe sur un charmant petit magasin, originellement une papeterie, mais qui vend aussi des chapeaux (il faut faire feu de tout bois !). J’entre et ai le plaisir de rencontrer une dame japonaise excessivement gentille (comme tous les gens que j’ai rencontrés jusqu’ici) qui m’explique que tous les papiers vendus ici sont du papier Washi, le papier japonais protégé au patrimoine mondial (comme tout au Japon, on dirait).

Papier traditionnel japonais à Kyoto

Après m’être fait conseiller sur les meilleurs papiers pour origami, je ressors avec une brassée de papier et… une super casquette que je qualifie de très kitsch, mais que tout le monde trouve super belle, hihi 🙂 J’arrive très vite à la bambouseraie, non sans m’être achetée une glace au thé matcha sur la route.

La fraîcheur de la forêt est salvatrice : la moindre petite différence de température fait le plus grand bien en cette saison ! Le chemin parmi les bambous est très agréable et je passe mon temps à marcher le nez en l’air : comme ces bambous sont grands !! Malheureusement, bien entendu, le site est envahi par les touristes.

Bambouseraie d’Arashiyama

Cela ne m’empêche pas de tomber sur un petit sanctuaire niché au coeur des bambous, et à m’y arrêter. Mais je n’ai pas la place pour rende hommage aux divinités : il y a une queue devant l’autel ! J’admire tout de même les couleurs, si exceptionnelles au Japon : les arbres ont tous des teintes différentes très vives, notamment à cause de l’humidité ambiante qui nourrit les feuilles.

Visiter les jardins du Tenryu-ji

Bon, il faut vraiment que je m’éloigne de ces centres touristiques… je décide donc de reprendre mon chemin et tombe alors, après quelques pas, sur l’entrée d’un grand temple, le Tenryu-ji. Il semblerait qu’il s’agit d’un spot à ne pas manquer dans le quartier. J’hésite car une foule de gens s’y dirige… c’est alors que je m’aperçois qu’une autre entrée ne donne accès qu’aux jardins du temple ! Je me dis : « Pourquoi pas ! Après tout, je n’ai pas encore visité de véritables jardins japonais… » Et je ne le regrette pas : si les paysages au début de m’impressionnent pas tellement, je continue de faire le tour du domaine pour me rapproche du bâtiment principal du temple.

Etang de lotus devant le Tenryu-ji, Kyoto

J’en profite pour admirer les érables japonais, ces arbres aux couleurs estivales et automnales en même temps, mes préférés. Et là, au détour d’un petit chemin de pierre qui serpente entre les arbres, sous mes yeux ébahis, s’étend un point d’eau arrangé de façon magnifiquement étonnante : on croirait avoir affaire à un paysage naturel, mais on sait que chaque arbre, chaque buisson est aménagé pour rendre cette impression d’équilibre, cet étang digne d’un tableau de maître. Je crois bien que c’est le propre de l’art des jardins japonais : un subtil équilibre entre art et nature.

Jardin du Tenryu-ji

Je dois dire que cet heureux hasard au temple Tenryu-ji m’a donné le goût des jardins. Je décide donc de me rendre, en passant par un parc non loin, dans un autre temple connu pour ses jardins. En randonnant dans le parc (qui s’étend sur deux colline asséchées par le soleil), je tombe sur une impressionnante vue sur le fleuve encaissé dans une petite vallée. Je m’arrête quelques instants pour admirer la puissance de l’eau, j’aperçois une petite maison de thé – semble t-il – sur l’autre rive et je regrette de ne pas trouver de sentier pour la rejoindre (ce n’est pas faute d’avoir cherché sur la carte !)

Vue sur Kyoto depuis le Jojakuko-in

Mes pas finissent par me mener aux jardins de ma destination. Il s’agit du temple Jōjakukō-in. En me promenant dans ces jardins, effectivement magnifique, quelle n’est pas ma surprise de découvrir un petit chemin qui monte… que j’emprunte évidemment.

Escaliers du Jojakuko-in, Kyoto

Au bout de quelques minutes, j’aperçois une pagode, et me rends compte qu’il s’agit de l’une des vues les plus connues sur la « skyline » de Kyoto ! Quelle belle récompense après cette après-midi entière de marche : une superbe vue sur la ville, à laquelle je ne m’attendais pas. C’est la récompense du marcheur de montagne : découvrir la vue plongeante du sommet, une vue qu’on ne soupçonnait pas lorsqu’on a commencé l’ascension.

Vue sur Kyoto du Jojakuko-in

Je passe un long moment à contempler la vue avant de me remettre en route. Mes pieds commencent un peu à fatiguer mais je veux absolument visiter un autre temple des environs avant de rentrer : un temple où les âmes des orphelins n’ont pas arrêté d’être collectées, et où pour chaque âme on a érigé une petite statue de pierre. Le sol en est donc recouvert sur des surfaces immenses ! Je repars donc d’un bon pas. Il est déjà 16h30… et malheureusement, les temples au Japon ferment tôt : je n’avais pas vérifié les horaires d’ouverture et quelle déception lorsque j’arrive sur place ! Les portes viennent de se refermer. Je dois me résigner : je ne verrai donc pas ce paysage de pierres peu commun.

Quartier près d’Arashiyama à Kyoto

Très déçue, je rebrousse chemin pour retourner vers la gare… mais je retrouve vite un semblant de sourire, car le retour me permet de découvrir un quartier de Kyoto très typique, qui m’étonne par son enchevêtrement de maisons traditionnelles qui s’alternent avec des supérettes, de petits potagers et des rizières, le tout se découpant sur un fond de montagnes : c’est superbe ! J’y croise même des tanuki, ces animaux magiques protecteurs des maisons, moitié raton-laveur moitié ours, avec des parties génitales protubérantes (je ne sais pas pourquoi) qui sont aussi mis en scène dans Nos Voisins les Pompoko du Studio Ghibli !

Groupe de tanuki à Kyoto

Je passe aussi devant un petit sanctuaire niché entre deux maisons, où le chant des cigale est si fort et si puissant et le feuillage si touffu que j’ai une drôle d’impression… j’ai l’impression que le sanctuaire est hanté. J’y pénètre tout de même mais me sens obligée de m’incliner plusieurs fois pour signifier mes bonnes intentions : je ressens un sentiment très fort de présence magique. J’espère que les dieux ne sont pas mécontents que je sois là. Mais je me dis que c’est un sanctuaire après tout, et que si je montre du respect, il n’y a pas de raison que cela se passe mal.

Un sanctuaire hanté ?

Une soirée improvisée à Osaka

Un peu consolée par cette dernière balade plus riche en émotions que je ne m’y attendais, je me tiens debout l’air absent dans le train bondé qui rentre vers la gare de Kyoto : une idée me trotte dans la tête. Et si j’allais à Osaka ce soir, juste pour goûter des takoyaki, la spécialité de cette grande ville de bord de mer ? Je pourrais juste faire l’aller-retour, et, sur les conseils de Patrick et un autre ami, Rémy, en profiter pour aller voir les lumières de la ville, très connue pour ses enseignes immenses du quartier de Dotondori. Allez, ni une ni deux, il faut profiter de la vie (et du Japan Rail Pass qui me permet de sauter dans presque n’importe quel train sans réserver) alors en avant pour Osaka et ses poulpes !

Osaka de nuit

Après avoir déambulé dans quelques rues animées de Tennoji, je sors peu à peu de ce quartier et m’aperçois que le reste de la ville est plutôt sombre, constitué de barres d’immeubles, et terne. Avec le kilomètre et demi qui me sépare de Dotonbori, je calcule vite que j’aurai meilleur temps de prendre le métro, même pour 2 stations : les distances sont longues dans les villes japonaises ! Ce n’est pas comme à Paris.

Enfin arrivée à Dotonbori ! C’est d’abord dans une grande galerie commerçante très animée que je tombe sur des superstars du Dance Evolution ! Je passe quelques instants à regarder leur performance dans la salle de jeux, tout comme d’autres passants admiratifs : c’est visiblement commun de s’arrêter pour observer les performances de gens ici. Les joueurs sont impressionnants, ils connaissent les chorégraphies par coeur et leur public improvisé les filme avec des téléphones. Nous applaudissons lorsque la danse est terminée ! Je trouve ça très drôle. Enfin, je trouve mes takoyaki tant désirés et en commande à emporter. Comme vous le voyez, il s’agit d’un petit poulpe entier dans une boule de pâte : pour qui aime les fruits de mer, c’est définitivement une spécialité à goûter !

Puis j’arrive enfin dans la grande rue connue de Dotonbori ! Que de lumières et d’enseignes géantes ! Je me balade dans la rue en souriant : entre crabes et gyoza géants, j’ai envie de rire. Je ne regrette pas d’avoir fait l’aller-retour. Mais il ne faut pas rentrer trop tard : une longue dernière journée m’attend demain…


Jour 3 à Kyoto : Le jour du Dieu-Renard

Ce matin, je me lève tôt : c’est ma dernière journée à Kyoto – et au Japon – et avec un ami renocntré à l’auberge, nous avons décidé d’aller visiter l’incontournable sanctuaire Fushimi-Inari Taisha, l’un des highlights de ma visite au Japon.

Le célèbre Fushimi Inari

J’en rêve, je veux absolument voir les couloirs de torii qui serpentent dans la montagne. Nos petits doigts nous ont dit qu’il y aurait énormément de touristes, car c’est l’un des sites les plus visités par les voyageurs étrangers au Japon ! Nous prenons le train, rapide depuis l’auberge et nous retrouvons avant 8h30 au sanctuaire. Il y a déjà quelques personnes qui nous ont devancées. Nous pénétrons dans l’enceinte du temple, et nous repérons sur la carte, puis c’est le moment de commencer l’ascension.

Sanctuaire Fushimi Inari à Kyoto

Les couloirs de torii sont comme on les imagine. Il courent dans la montagne, parfois en pentes plus abruptes. De face, les torii sont vierges, mais lorsqu’on se retourne, sur leurs pieds figurent des inscriptions en kanji, caractères chinois utilisés en japonais (mais la prononciation est complètement différente). Sur le poteau de droite, il s’agit d’une date – probablement la date où le voeux sur le pied de gauche a été formulé, nous ne savons pas bien. Il est en effet possible « d’acheter » ses torii (par 5 minimum) et de faire graver ses demandes et ses souhaits (je suppose que c’est ça) de bonne fortune aux dieux. 

Torii au sanctuaire Fushimi-Inari à Kyoto

L’ascension est ponctuée de rencontres avec des sanctuaires : à chaque nouvel autel, plein de torii de toutes tailles sont entreposés. Cela nous fait sourire : on dirait que quelqu’un a voulu se débarrasser de tous ces torii qui l’encombraient ! Mais ce sont à chaque fois des offrandes-voeux de bonne fortune. Nous parvenons également à un cimetière.

Inari, le dieu renard

Fushimi-Inari est aussi le temple du dieu-renard, Inari. Originellement, Inari est le dieu des céréales (par extension, des récoltes du riz) mais ici, il protège le mont où se trouve le temple. On dit qu’il réside sur ce mont, et c’est pour cela qu’il y a aussi beaucoup de tablettes à son effigie ! J’adore le dieu Inari. Autour du renard, par ailleurs, il y a beaucoup de légendes en Asie : cet animal est tour à tour protecteur, messager, ou même sorcier !

C’est vraiment une balade des plus agréables et nous arrivons bientôt au sommet (plus vite qu’on ne le pensait). Nous sommes légèrement surpris car il n’y a pas de vue sur la ville : seulement un très grand autel. Mais cela fait quand même du bien d’être arrivés au sommet ! La descente est plus facile, et nous laisse admirer les torii à loisir.

Au bout de l’ascension de Fushimi Inari

Après la visite du temple, nous rentrons sur Kyoto. Le voyage touche à sa fin et j’ai besoin de m’acheter une seconde valise pour rapporter le reste de mes affaires. Nous nous rendons donc dans le quartier de la gare, plein de centres commerciaux. Mais avant toute chose, il est surtout temps de manger ! Nous commandons un katsudon dans un restaurant : ce sera notre dernier vrai repas au Japon. Je commence à avoir des pincements au coeur. Le voyage est passé si vite ! J’ai vu tant de choses et il m’en reste pourtant encore tant à découvrir dans ce magnifique pays…

L’après-midi dans le parc du Palais impérial

L’après-midi passe vite. Nous sommes sous une chaleur écrasante. Je crois bien que c’est la journée la plus chaude que j’aie connu depuis mon arrivée sur le sol japonais. Nous visitons des jardins malgré la chape de plomb qui nous pèse : il doit au moins faire 45°C en température ressentie, et je ne parle même pas des rayons brûlants qui nous tombent dessus. Mais cela ne nous empêche pas d’aller de site en site. Nous faisons d’abord un arrêt dans un jardin calme et très peu visité près de la gare de Kyoto, avant de nous diriger vers le parc du Palais Impérial. 

Jardin du Palais Imperial à Kyoto

Un petit endroit que j’aurais bien aimé voir dans le parc du Palais Impérial, que nous n’avons pas visité car il faut une réservation spéciale pour cela : le petit sanctuaire sur l’eau nommé Itsukushima (comme celui sur l’île de Miyajima, où je n’ai malheureusement pas pu me rendre). Franchement, la chaleur m’épuise. Et je pense que je ne suis pas la seule. Nous décidons donc de rentrer à l’auberge.

Au revoir Kyoto, au revoir Japon

Le reste de la soirée est passée comme un coup de vent pour moi : discussions à l’auberge, au revoirs… je réalise à peine que je quitte le Japon demain. J’ai l’impression que je viens d’arriver, que je n’ai pas visité assez de choses… et pourtant, j’ai des souvenirs plein la tête ! Mais ce sentiment de pas assez, de ne pas avoir pu assez en profiter me suivra jusque l’atterrissage le lendemain soir à Paris.

Fushimi Inari, Kyoto

De Kyoto à Paris, il m’aura fallu 5h de train et 12h30 d’avion. De Paris à Tokyo, 12 jours plus tôt, il m’avait fallu 14h30 de voyage avec une escale à Vienne, puis 1h30 de train pour arriver à Shinjuku. Puis plein de métro pour découvrir Tokyo, entre Tsukiji, Akihabara, Ueno, Yanaka et Shibuya, 4 heures aller-retour pour aller vivre ma palpitante journée à Nikko, puis encore 3h de train pour parvenir au Mont Fuji et à Aokigahara, et un typhon de 8h et 4h de train pour parvenir à Kyoto, 6h pour mon escale à Koyasan… et je ne compte même pas le nombre de changements entre tous ces trains pour réaliser tout ça. Je vous épargne également le nombre de pas (mais mon podomètre a compté une moyenne de 22 000 pas par jour).

Je suis épuisée, si triste de quitter le Japon. En moi, tout est silence et regrets de rentrer : j’aurais voulu continuer mes pérégrinations japonaises, je n’ai pas envie de rentrer me confronter à la vie quotidienne à Paris. J’ai adoré le Japon, sa discipline mais aussi sa diversité. Je suis tombée amoureuse des paysages, j’ai rêvé un morceau de vie dans ce pays. J’ai trouvé des fragments de Totoro ça et là, j’ai touché des divinités du bout de mon esprit. 

Je rêve déjà de revenir, de revoir les bouddhas de Nikko, de refaire la balade de Fushimi-Inari. Et là prochaine fois que j’irai, je veux faire l’ascension du Mont Fuji… et je veux aller jusque dans le sud, voir le torii dans l’eau de l’île de Miyajima. Je veux encore gravir les montagnes et écouter chanter les cigales. Et la prochaine fois, peut-être, oui peut-être que je rencontrerai réellement Totoro, en tombant dans un grand trou de verdure. Et alors, je m’endormirai tranquillement sur son ventre…

Fushimi Inari, Kyoto

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